Il me manque. Il me manque si fort. Dans quelques jours, ça aurait fait 2 ans que je lui ai adressé la parole pour la première fois. Il en aurait été heureux. Il comptait les jours de notre amitié. Peu de temps avant de mourir, il m'a écrit un sms en me disant que ça faisait 570 jours qu'on se connaissait et que c'était la première fois que je le conduisais en voiture. Je venais d'avoir mon permis, j'étais heureuse, il l'était pour moi. Je me réveille chaque matin en me demandant ce que j'ai bien pu faire de mal pour mériter d'endurer ça, son absence. Je me demande aussi comment je peux réussir à parler, à manger, à dormir, me réveiller, m'habiller, rire.. alors qu'il n'est plus là.
Je ne suis plus tout à fait la même depuis qu'il est parti. J'ai perdu de ma bonne humeur, de mon tempérament détendu. J'ai l'impression d'être moins intéressante qu'avant, de ne plus être aussi jolie, aussi marrante. A ses yeux, j'étais ce qu'il y avait de plus beau. Il me donnait confiance en moi. A ses yeux je me sentais exister.

J'aurais tellement de choses à lui raconter, et il les écouterait avec ce sourire que je connais si bien. Il me donnerait son avis, il s'exclamerait, s'exaspérerait, rigolerait, me contredirait, me consolerait, me motiverait, me blesserait peut-être. Je le revois si vivant, attentif à moi. Je le revois énergique, plein de vie sur son vélo, essoufflé. Je le revois vivant, tout en sachant qu'il est mort. Et ça me déchire. Je me sens vide, déstructurée.

Je réécoute ces chansons qu'on a si souvent écoutées ensemble. Je me dis que personne d'autre que nous ne peut les comprendre, je me dis qu'elle nous appartenaient, et que maintenant elles me reviennent, je ne sais plus quoi en faire. C'est comme tous nos souvenirs, tout ce que je savais de lui, tout ce qu'il savait de moi. Je voudrais pouvoir continuer de partager tout ça avec lui. Ma vie d'avant me semble si loin, presque inexistante. Mais cette douleur me rappelle sans arrêt tout ce que j'ai perdu, tout ce qui n'est plus mais qui a été.

Il me manque à un tel point.





La vie me parait si difficile. J'en suis à un moment où il faut choisir un avenir, un métier, toutes ces choses qui me paraissaient jusque là très loin de moi. Je n'y suis pas préparée, j'ai peur de faire de mauvais choix. Un jour je veux être infirmière, puis le lendemain, professeur des écoles. Un jour je veux un métier qui me permettrait de me sentir utile et indispensable, un autre jour, je voudrais d'un métier dans lequel je puisse m'effacer, rester dans mon coin. Tout est si compliqué, et je me sens si seule. Tout le monde semble si optimiste quant à son avenir, pourquoi moi je ne sais pas, je ne sais rien ? J'ai souvent l'impression de ne pas être faite pour vivre, et pourtant je reste. J'attends. Y'a des tas de choses pénibles qui m'attendent et que je ne veux pas connaitre. Y'aura sûrement aussi des moments de bonheur, mais font-ils le poids à côté du reste ? Je doute.